En cette semaine européenne du développement durable, du 18 septembre au 8 octobre, bon nombre d’initiatives sont mises en lumière dans un large panel de domaines. De la grande distribution, aux énergies renouvelables, en passant par la responsabilité sociétale des entreprises ou l’éducation environnementale, aucun secteur n’est laissé pour compte. Chaque élément du monde qui nous entoure et auquel nous participons est sujet à une réflexion sous l’angle de la préservation de l’environnement. Le monde du travail n’échappe pas à cette règle et la thématique européenne de cette semaine est l’occasion de se pencher plus en détail sur le sujet en abordant la place du vélo et des aménagements en entreprise qui l’accompagnent.
De nombreuses alternatives s’offrent aux entreprises pour amoindrir leur impact environnemental. Au-delà des évidents choix de produits plus responsables pour la grande distribution ou des actions extérieures tels que les modes de livraison raisonnés pour les plateformes de vente en ligne, de nombreuses améliorations peuvent être apportées au sein d’une entreprise indépendamment de son secteur d’activité. Il y a encore beaucoup à faire au sein même de nos locaux.
On sait que les émissions de gaz à effet de serre en France proviennent pour un tiers du transport ce qui nous invite à repenser la place de la voiture (qui représente 57% de ces émissions) dans nos déplacements quotidiens. Ajoutons à cela qu’elle est aussi la principale émettrice de particules fines, engendrant ainsi un risque sanitaire majeur.
La question de la mobilité est primordiale, notamment en ville, aussi bien en ce qui concerne la réduction des émissions de CO2 que le bien-être au travail. Les transports en commun continuent de se développer aussi bien en ce qui concerne l’étendue de leur réseau que pour ce qui est de la diminution de leur impact sur la qualité de l’air. Cependant ils n’ont jamais réellement eu la cote et 70% des français leur préfèrent la voiture individuelle, surtout en ces temps de crise sanitaire où la proximité physique est vue d’un mauvais œil. En prenant un peu de recul sur cette situation, on remarque que des alternatives se développent à mesure que les modes de vies évoluent et que la prise de conscience quant à la crise climatique grandit dans les esprits.
L’une de ces alternatives à la voiture individuelle peut être le vélo dont l’existence précède celle de la voiture ou du bus. De la bicyclette au vélo-cargo, celui-ci peut prendre plusieurs formes en fonction des besoins et des usages. Lorsqu’une grande compagnie va pouvoir opter pour une offre de vélos d’entreprise que ceux-ci soient à assistance électrique ou pas, une petite ou moyenne entreprise va généralement laisser ses collaborateurs utiliser leurs vélos personnels ou le service public communal de vélos en libre-service. Bien entendu, le recours au vélo pour le trajet domicile-travail répond aussi à la variable tout à fait pragmatique de la distance qui sépare ces deux lieux ainsi que des aménagements mis en place par les pouvoirs communaux pour promouvoir les mobilités douces. Bien qu’il tende à se développer, l’usage du vélo comme transport quotidien est freiné par l’étalement urbain qui étire les distances entre le lieu de travail et le domicile.
Au-delà de son impact environnemental positif, la pratique quotidienne du vélo et l’effort physique qu’il demande a de plus, une influence positive sur la santé physique et mentale des travailleurs de plus en plus sédentaires. En outre, il permet de passer un moment plus agréable que celui proposé par un trajet en métro ou en bus où notre espace personnel est réduit à peau de chagrin en heure de pointe ou à un trajet en voiture pris dans les embouteillages citadins au cœur de la pollution des grands axes routiers. Si le vélo ne connait ni les retards d’arrivée en gare, ni les grèves ou les longues minutes à chercher une place de parking, il permet aussi d’arriver moins stressés au travail et de commencer la journée plus sereinement. A l’échelle européenne, on observe une corrélation évidente entre une diminution du stress au travail, un plus faible taux d’absentéisme et l’utilisation de ce mode de transport plusieurs fois par semaine. On notera que des pays tels que le Danemark, souvent décrit comme le pays le plus heureux au monde, ou les Pays-Bas, dont la population a grandement intégré le vélo dans ses déplacements, sont des pays où non seulement les employeurs incitent leurs collaborateurs à utiliser le vélo, mais où surtout l’état lui-même, incite financièrement les employeurs à promouvoir ce genre de pratiques.
La promotion du vélo de la part de l’employeur peut nécessiter quelques aménagements au sein des locaux de l’entreprise. Il est bien évident qu’il faut pouvoir offrir la possibilité aux collaborateurs de ranger leurs deux-roues dans un endroit abrité et sécurisé. L’aménagement vélo de cet espace devra répondre à divers caractéristiques de manière à ne pas décevoir les utilisateurs ou être en contradiction avec les usages réels des membres de l’entreprise. De préférence à l’intérieur des locaux de l’entreprise, on choisira avec soin le type de râtelier le plus approprié et on proposera un jet d’eau pour nettoyer les vélos si nécessaire. On aménagera aussi l’espace de manière à rendre celui-ci fonctionnel tout en l’éloignant au maximum de l’austérité des parkings souterrains.
Par ailleurs, la mise en place de casiers pour les équipements tels que les casques peut aussi inciter les employés à avoir recours à ce mode de transport. On fera ainsi une pierre deux coups en offrant un espace de rangement personnel et sécurisé aux collaborateurs pour leurs objets personnels ou leurs équipements de valeur.
Au-delà de ces aménagements relativement simples à mettre en place, l’un des freins qui peut dissuader des employés de bureaux de se rendre sur leurs lieux de travail en vélo est l’absence de douches au sein de ceux-ci. Si certaines entreprises restent frileuses à l’idée d’associer lieu de travail et salle de bain, de plus en plus franchissent le pas. Un tel espace devra répondre à certains critères s’il souhaite être un fa
cteur d’encouragement de ce type de mobilité. L’espace de douche ou le vestiaire devra permettre une certaine intimité et sera aménagé de manière ergonomique et pratique en tenant compte des usages. Les cabines seront assez grandes et comporteront des espaces de rangements tels que des casiers ou encore des tabourets et des patères pour y déposer les vêtements.
Dans le même temps, un tel aménagement encouragera ou du moins, supprimera un frein pour les employés qui souhaitent avoir une activité sportive sur le temps du déjeuner. Leur offrir la possibilité de se défouler sur le temps du midi grâce à ces douches est un excellent moyen d’améliorer le moral des travailleurs et donc leur productivité.
Bien entendu, la seule volonté d’un décideur en entreprise est loin d’être suffisante pour qu’un tel projet soit réalisable et pertinent sur le long terme. Il en va de la responsabilité des services publics de mettre en place les conditions nécessaires en termes de circulation routière et de voirie pour qu’un tel aménagement soit suivi de répercussions positives.