Portrait d’une Architecte d’Exception : Zaha Hadid
Zaha Hadid aurait fêté ses soixante-dix ans ce 31 octobre. Elle fut l’une des architectes les plus emblématiques de son époque. Elle vient au monde au sein d’une famille sunnite, dans un Bagdad en plein développement économique et culturel malgré les conflits religieux qui l’animent. Fille d’un riche industriel et d’une artiste, après une éducation en pensionnat entre le Royaume-Uni et la Suisse, elle part pour Beyrouth et entame des études de mathématiques.
L’étudiante change de voie et se rend à Londres où elle commence une formation à l’Architectural Association School of Architecture. Elle y rencontre Rem Koolhaas et Elia Zenghelis qui sont deux de ses enseignants. Remarquant son talent, en 1977, ils en font leur protégée et l’invite à devenir associée de leur Office for Metropolitan Architecture de Rotterdam une fois son diplôme en poche.
UN STYLE BIEN A ELLE
Trois ans plus tard, Zaha Hadid crée sa propre agence à Londres. Malgré de nombreux prix pour les plans qu’elle réalise, ce n’est qu’en 1993 que sort de terre son premier projet achevé. C’est la caserne des pompiers, annexe de l’usine Vitra de Weil-am-Rhein, qui avait connu un incendie quelques années auparavant. Elle ne souhaite pas tenir compte des alentours de l’édifice et dessine un bâtiment en béton qui vient se démarquer en tous points de son environnement.
Hadid refusera toujours de brider sa créativité. Elle essuiera de nombreuses critiques notamment sur son manque d’intérêt pour l’optimisation de l’espace ou le fonctionnalisme. Ce fut notamment le cas pour deux de ses œuvres majeures que sont le London Aquatics Centre et le Museo nazionale delle arti del XXI secolo. Peu-importe, elle continuera de créer des édifices toujours plus extravagants en laissant libre cours à son expression créative. Toujours selon The Guardian, Zaha Hadid a ‘’libérée l’architecture de la géométrie’’.
UNE PERSONNALITE HORS DU COMMUN
L’architecte n’a eu de cesse, jusqu’à sa mort en 2016 d’une crise cardiaque, de se moquer des schémas architecturaux tout comme des schémas sociaux traditionnels. La personne est à l’image de son œuvre : irrévérencieuse, avant-gardiste et grandiose.
Femme évoluant dans un monde d’hommes, elle a su s’imposer et a ouvert la voie aux générations futures. Elle fut la première femme à recevoir le prestigieux prix Pritzker en 2004 et la première femme à construire un musée aux Etats-Unis avec le Centre d’art contemporain Rosenthal.
On retrouve son désir de transmettre dans son engagement pour l’éducation qui s’illustre dans le grand nombre d’universités dans lesquelles elle a enseigné à travers le monde (Harvard, Cambridge, Hambourg, Vienne, Chicago …)
Sans enfants, son entreprise et ses créations seront sa descendance, son héritage qu’elle lègue au monde. Elle avait fait le choix de céder une partie de sa fortune aux employés passés, présents et futurs de son entreprise. Une autre part est reversée à la fondation qu’elle a créée et qui porte son nom. Celle-ci promeut l’éducation architecturale. Sa dernière œuvre réalisée avant sa mort fut la Havenhuis d’Anvers.